Une nouvelle plainte pour agression sexuelle a été déposée contre le rappeur et producteur P. Diddy, mercredi 24 septembre, la dixième depuis novembre 2023. Le magnat américain du rap est détenu dans l’attente d’un procès après son inculpation, le 17 septembre, pour « trafic sexuel » et « extorsion ». Voici ce qu’il faut savoir de ces accusations.
Il est accusé par les procureurs fédéraux de New York d’avoir mis son « empire » au service d’un système violent de trafic sexuel, alors qu’une dixième plainte pour agressions sexuelles a été déposée contre lui le 24 septembre. On fait le point sur cette affaire en quatre questions.
Qui est P. Diddy ?
Sean Combs, de son vrai nom, naît en 1969 à New York. C’est en 1990, en tant que stagiaire, qu’il fait ses premiers pas dans l’industrie musicale chez Uptown Records, maison de disques où il devient recruteur de talents. Le jeune loup se construit une réputation d’organisateur de soirées qui ne fera que grandir avec sa notoriété, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Et ce malgré le drame survenu lors d’un concert qu’il supervise à New York en 1991 : neuf personnes meurent dans une bousculade car trop de billets ont été vendus.
Accusé d’avoir négligé la sécurité, il fait face à une série de procès. Uptown Records s’en sépare. Il en profite pour fonder son propre label en 1993, Bad Boy Records, et lancer sa fulgurante ascension. Sa maison de disques révèle des pointures du rap américain comme Mary J. Blige et Notorious B.I.G. Ce dernier devient le roi de la côte Est en 1994, avec son premier album Ready to Die. Il est assassiné en 1997.
À partir de la fin des années 1990, P. Diddy se fait également un nom en tant que rappeur, d’abord sous le nom de Puff Daddy. Son single Can’t Nobody Hold Me Down, sorti en 1997, est récompensé par un Grammy Award. No Way Out, l’album sur lequel figure le titre, reste un classique.
Au cours de sa carrière, Sean Combs a collaboré avec de nombreuses pointures dont Usher, Mariah Carey et la rappeuse Lil’Kim. En parallèle, l’artiste soigne son image bling-bling et sa relation avec l’actrice et chanteuse Jennifer Lopez entre 1999 et 2001 renforce sa médiatisation.
Ces dernières années, il s’est essayé à la philanthropie et a tenté de soigner sa réputation, allant jusqu’à prendre un énième surnom, Brother Love. Invité en 2014 lors d’une cérémonie de remise de diplômes devant une université de Washington, l’artiste, dont le père a été tué lors d’une vente de drogue, avait assuré vouloir « perpétuer l’esprit d’entreprise de (son) père mais de manière honnête », rappelle l’AFP.
Le magazine Forbesestime à 400 millions de dollars (360 millions d’euros) sa fortune personnelle actuelle, qui aurait fondu de moitié ces dernières années sous le poids d’investissements hasardeux et d’une réputation gravement entachée.
De quoi est-il accusé ?
« Pendant des décennies », le rappeur « a abusé, menacé et contraint des femmes et d’autres autour de lui à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et dissimuler ses actes », selon l’acte d’inculpation dévoilé mardi 17 septembre par le parquet fédéral de Manhattan.
Plusieurs femmes accusent P. Diddy d’être un violent prédateur sexuel, utilisant alcool et drogues pour obtenir leur soumission. Les premiers soupçons d’agressions sexuelles contre lui remontent aux débuts de son ascension dans les années 1990, mais c’est son ex-compagne, la chanteuse de R & B Cassie, qui a été la première à briser le silence mi-novembre 2023.
Dans une plainte au civil, elle accuse le rappeur d’un viol en 2018 et dénonce une décennie de « comportement violent » et d’« exigences déviantes » de sa part, comme des relations sexuelles avec des hommes prostitués. Cette affaire s’est résolue par un arrangement financier.
Depuis, neuf autres plaintes ont été déposées contre le rappeur. Une ancienne actrice de films X, Adria English, l’a notamment accusé début juillet de s’être servi d’elle « comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes », entre 2004 et 2009.
La dernière plainte en date remonte au 24 septembre : une femme accuse P. Diddy de l’avoir « violée avec brutalité » en 2001 dans les studios de sa maison de production Bad Boy Records, à New York, avec l’aide d’un complice. Selon la plainte, elle avait été droguée et ligotée par ses deux agresseurs, qui auraient filmé la scène.
Le procureur fédéral Damian Williams a décrit un système fondé sur la « violence » pour contraindre les femmes à avoir de « longues relations sexuelles avec des travailleurs du sexe », des scènes qu’il « enregistrait » et pendant lesquelles les victimes prenaient des substances comme de l’ecstasy, du GHB (la drogue des violeurs) ou de la kétamine. « Lorsque Combs n’obtenait pas ce qu’il voulait, il était violent […] donnant des coups de pied et traînant ses victimes, parfois par les cheveux », a-t-il encore asséné.
D’après l’acte d’inculpation relayé par l’AFP, le rappeur s’appuyait sur ses employés, « les ressources et l’influence de l’empire commercial multi-facettes qu’il dirigeait et contrôlait pour créer une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés […] au trafic à des fins d’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’enlèvement, à l’obstruction de la justice ».
Quelle est sa ligne de défense ?
P. Diddy a d’abord rejeté en bloc les plaintes qui le visent. « Ce sont des accusations fabriquées de toutes pièces, alléguant faussement une mauvaise conduite remontant à plus de 30 ans et déposées à la dernière minute », assurait l’un de ses porte-paroles en novembre 2023, cité par le magazine Rolling Stone.
Cette même source y voyait une tentative de « soutirer de l’argent » au rappeur : « En raison de la renommée et du succès de M. Combs, il est une cible facile pour les accusateurs anonymes qui mentent sans conscience ni conséquence pour obtenir un avantage financier. »
Mais les éléments accablants se sont multipliés, notamment les enregistrements vidéo de ses freak offs (les grandes soirées que le rappeur organisait et où il se serait livré à des agressions sexuelles) et les preuves retrouvées en mars lors d’une perquisition de ses résidences de luxe à Miami et Los Angeles, dont des bouteilles de lubrifiant et des armes.
Le rappeur et producteur a reconnu un comportement « inexcusable », rapporte Le Monde. S’il a plaidé « non coupable » des chefs de trafic à des fins d’exploitation sexuelle et d’extorsions, il se dit prêt à coopérer avec la justice pour « laver son nom au tribunal » face à « des poursuites injustes », ont affirmé ses avocats au moment de son arrestation.
Que risque-t-il ?
S’il est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation qui le visent, P. Diddy encourt une peine comprise entre 15 ans de prison et la détention à vie, selon un communiqué du Département américain de la Justice cité par Newsweek.
L’ancien procureur Elie Honig a expliqué à la chaîne de télévision CNNque le chef d’accusation de « trafic sexuel par la force, la fraude ou la coercition » constitue une « accusation extrêmement grave ». Comme il s’agit d’une poursuite fédérale contre le rappeur (donc nationale), les accusations « entraînent des peines potentielles plus élevées » que si P. Diddy avait été poursuivi par le simple État de New York, précise l’expert.
En attendant d’être jugé, le magnat du hip-hop américain a été placé en détention sous surveillance anti-suicide, en raison d’un état psychiatrique jugé fragile. La justice fédérale a rejeté l’appel des avocats de l’artiste contre sa détention provisoire, malgré une proposition de caution de 50 millions de dollars, la valeur d’une de ses résidences à Miami.
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